Aussi nommée :
Carotte à morreau, cigue commune, poison hemlock
Conium maculatum Linné, Altération du nom grec de la plante d'origine incertaine. Elle viendrait du grec Konos: cone, allusion à la forme conique du fruit et de sa queue et maculatum : maculé ou tacheté car la tige porte des taches rouges.
Petite Histoire de cette plante toxique à travers le temps :
La mort de Socrate telle que racontée par son disciple Platon constinue l'empoisonnement le plus célèbre venant de la Cigue maculée: dans la Grèce antique, les fruits de cette plante servaient à exécuter les condamnés par une mort lente de ( 4h à 6h) et apparamment sans douleur physique, due à une paralysie progressive ; le condamné gardait sa lucidité jusqu'à l'arret respiratoire. On préparait le liquide fatal en broyant les fruits frais dans de l'eau; la recette ne semble pas connue de facon certaines mais d'aucuns affirment qu'on ajoutait du datura stramoine et de l'opium pour augmenter l'effet toxique, neutraliser la possibilité de spasmes et faciliter un état de sérénité. La bible rapporte l'intoxication d'Hébreux dans le Sinai après un festin de cailles qui en avaient mangé sans etre incommodées. La cigue maculée et la cicutaire maculée partagent plusieurs noms populaires, ce qui prete souvent à confusion : il est préférable de s'en tenir aux 2 noms de genre proposés : cicutaire pour Cicuta et cigue pour Conium.
Sauf si des fruits se trouvent melés à leur nourriture, les animaux s'empoisonnent rarement, en bonne partie à cause de l'odeur forte de la plante : à dose mortelle une intoxication produit un avortement. On la reconnait toxique pour tous les animaux en particulier les carnivores.
Présent dans toute la plante, les alcaloides responsables de la toxicité des plantes se concentrent dans le tégument ( pelure) des fruits; comme pour plusieurs autres plantes, la quantité de substances toxiques dépend de plusieurs facteurs. Les empoisonnements accidentels, souvent dus à une confusion avec les fruits du carvi commun ou de l'anis (Pimpinella), peuvent se controler par des vomitifs, par des stimulants et par la respiration artificielle ; le poison paralyse temporairement la moelle épinière sans causer de lésions organiques et l'intoxication n'était pas toujours mortelle, la convalescence s'effectue en quelques jours. De 12 minutes à 1 heure après l'ingestion, l'empoisonnement débute par des vertiges, des éblouissements, des maux de tetes, de la nervosité, des tremblements; les muscles des membres inférieurs perdent de leur force, la sensibilité de la peau diminue, les pupilles se dilatent, le coeur ralentit et les extrémités refroidissent ; l'oedème se généralise, les yeux deviennent exorbitésè suivent des convulsions épileptiques, le délire et la mort par arret respiratoire.
Description de la plante :
Grande bisanuelle (150 cm) ayant l'allure typique des ombellifères. Tige creuse, légèrement cotelée, vert lime tachetée de rouge vin, surtout vers le bas. Feuilles composées, minces, légèrement dirigées vers le bas, alternes ; de forme triangulaire, les principales divisées en segments redivisés 2 ou 3 mois; segments incisés ou irrégulièrement dentés, sans poils. Fleurs minuscules ( 1-2 mm de diametre) de couleur blanches : petites ombelles ( ombellules) elles-memes regroupées en ombelles; ombelles et ombellules garnies à la base de 3 ou 4 bractées vertes bordées de blanc ( long. moins de 1 cm). Fruits garnis de cotes ondulées très caractéristiques ; groupés par 2 (diakène), chaque diakène (diam 3 mm) rond et aplati, à peu près en forme de disque.
Source : Plantes sauvages comestibles, Guide d'identification Fleurbec